Table des matières
Introduction
Le parc de Grignon est situé dans la plaine de Versailles sur la commune de Thiverval-Grignon dans le département des Yvelines (environ 15 km à l’ouest de Versailles, plan via openStreetMap, GPS : 48,849 ° en latitude et 1,932 ° en longitude). Le parc clos par un mur couvre une surface totale d’environ 290 hectares (environ 2,5 km d’ouest en est, 1,5 km du nord au sud). Il se développe autour d’un château de style Louis XIII construit vers 1636. Actuellement propriété de l’Etat, le domaine a été affecté jusqu’en 2022 à l’un des campus de l’école d’ingénieurs AgroParisTech dépendant du ministère en charge de l’agriculture.
Cet établissement perpétue une grande tradition de centre d’enseignement agronomique depuis l’Institution royale agronomique fondée par Charles X en 1826, devenue Ecole régionale d’agriculture en 1848, Ecole impériale d’agriculture en 1852, Ecole nationale d’agriculture en 1870, École nationale supérieure d’agronomie de Grignon en 1960, Institut national agronomique Paris-Grignon en 1971 (Ina P-G, fusion avec l’Institut national agronomique situé à Paris), et AgroParisTech en 2007 (fusion de l’Ina P-G avec l’ENSIA à Massy et l’Engref à Paris, Nancy, Montpellier, Clermont-Ferrand et Kourou).
Une forêt d’environ 133 hectares occupe la majeure partie du domaine intra-muros, complétée par des parcelles agricoles exploitées par la ferme expérimentale de Grignon. A proximité du château et des bâtiments du campus, se trouvent les zones ornementales (triangle botanique, jardin anglais et labyrinthe) dont l’association de l’Arbre de fer s’efforce d’assurer la sauvegarde et la rénovation, avec notamment l’arboretum.
Le caractère remarquable de cet espace naturel a été reconnu via le classement de la majeure partie du domaine en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique de type II (ZNIEFF n° 110001509) par l’Inventaire national du patrimoine naturel (INPN) dépendant du Muséum national d’histoire naturelle.
Il est à noter que le parc contient aussi une falunière mondialement connue depuis le milieu du XVIIIème siècle, terrain de recherches menées actuellement par le Club géologique d’Ile-de-France et le Muséum d’histoire naturelle. Grâce à leur action, deux zones du parc (parcelles de la falunière et de la Côte aux buis) sont depuis mai 2018 protégées par un arrêté préfectoral de protection de géotope.
Voici ci-après une présentation du milieu naturel, suivie d’un bref historique et de références bibliographiques.
Le milieu naturel
Le parc occupe le fond et les versants de la vallée du ru de Gally dans la commune de Thiverval-Grignon. Le ru de Gally issu du parc du château de Versailles traverse le parc d’est en ouest à une altitude d’environ 70 m. Au nord en rive droite, le versant d’adret entrecoupé de talwegs monte en pente assez raide jusqu’à 110 m d’altitude. L’autre versant d’ubac sur la rive gauche rejoint en pente douce un plateau à une altitude de 130 m.
Le climat est celui du sud-ouest du bassin parisien, avec une pluviométrie mensuelle entre 40 et 57 mm, une température variant de 3 à 19 degrés et un ensoleillement de 1 800 heures annuelles.
Géologie
Le substrat géologique se compose d’un empilement de quatre formations sédimentaires : calcaire dur sur les plateaux au-dessus de 110 m d’altitude, faluns entre 85 et 110 m, argile entre 75 et 85 m, et craie blanche à silex en-dessous de 75 m dans le fond du vallon. En surface se trouvent des loess (limons éoliens) sur les plateaux, et des colluviums (limons, faluns, cailloux calcaires, etc.) sur les versants.
Forêt
L’habitat déterminant consiste en des hêtraies sur calcaire de type 41.16 dans la classification Corine biotope. La forêt est du type colinnéen à chêne sessile, chêne pédonculé, charme et hêtre. Elle est en fait constituée de nombreuses essences, avec principalement du chêne, du châtaignier, du robinier, des érables champêtres et sycomores, du tilleul, du frêne, du buis mais aussi du hêtre, du merisier, du charme, de l’orme, du chêne rouge, de l’érable plane et du bouleau. Un guide des arbres et arbustes du parc a été réalisé en 1986 par des étudiants.
Flore
Ce milieu accueille une riche flore avec des espèces protégées au titre de la directive habitats européenne ainsi qu’aux niveaux national et régional. Plusieurs espèces d’orchidées sont présentes dans la parc, dont l’orchis pourpre (Orchis purpurea). Au niveau de la Défonce et de la Côte aux buis, des pelouses calcaires et des zones humides contiennent les espèces remarquables suivantes : laîche de Maire (Carex mairei), renoncule à petites fleurs (Ranunculus parviflorus), alkékenge ou coqueret (Physalis alkekengi), grande listère (Listera ovata ou Neottia ovata). Une espèce rare de lichen (Cratoneurum commutatum ou Palustriella commutata) se trouve au niveau de Chantepie. La tulipe sauvage (Tulipa sylvestris) est très présente dans l’arboretum et le jardin anglais.
Philippe Jauzein (botaniste, président d’honneur de l’Arbre de fer) a rédigé en 2021 une notice sur l’avenir de la flore de Grignon.
Faune
Le parc héberge une faune variée. De nombreuses espèces d’oiseaux y trouvent un refuge. Un guide des oiseaux du parc a été réalisé en 1997 par un étudiant, complétant un guide antérieur de 1985. Les populations d’insectes sont étudiées dans le cadre d’enseignements à AgroParisTech sur la biodiversité. Plusieurs espèces protégées vivent dans le parc : crocidure leucode (Crocidura leucodon), crocidure musette (Crocidura russula), lérot (Eliomys quercinus), écureuil roux (Sciurus vulgaris), musaraigne couronnée (Sorex coronatus), grillon d’Italie (Oecanthus pellucens).
L’association cynégétique de Grignon-AgroParisTech exerce un droit de chasse sur le domaine. A son tableau de chasse figurent lapins de garenne, chevreuils, sangliers, bécasses, faisans, pigeons ramier et canard colvert.
Historique du parc de Grignon
L’histoire du parc s’articule en deux périodes : d’abord comme écrin du château jusque vers 1820, devenu depuis lors domaine d’application des institutions de formation agronomique successives.
- 1582-1684 : acquisition par Pompone de Bellièvre, clôture du parc dans ses limites actuelles en 1674.
- 1683-1764 : acquisition par Potier de Noyon, tracé des allées dans le parc, création du grand canal et du petit canal (parcelle de la distillerie).
- 1764-1787 : plantation de la partie occidentale de la côte aux buis et de l’allée de Follevile.
- 1787-1796 : création du jardin anglais, boisement de la côte aux buis.
- 1796-1821 : acquisition par Auguié en 1796 puis Bessières en 1803, déboisement de la défonce, création de l’allée verte, plantation de 50 à 60 000 arbres.
- 1821-1829 : acquisition par Charles X en 1826 puis affectation à l’Institution royale agronomique en 1827, désaffection des canaux, suppression des parterres à la française au nord du château, création du jardin botanique.
- 1829-1848 : déboisement partiel du champ d’exercices.
- 1848-1901 : Ecole régionale d’agriculture de 1848 à 1852, Ecole impériale d’agriculture de 1852 à 1870, Ecole nationale d’agriculture en 1870, déboisement total du champ d’exercices, assèchement du grand étang, plantation dans l’axe central du jardin anglais, création de l’arboretum.
- 1901-1950 : plantation de l’allée de tilleuls au nord du triangle botanique, et de pins dans le sud-ouest du parc.
- 1950-1960 : suppression des allées du jardin anglais, déboisement pour la construction d’une résidence, refermement au nord et déboisement au sud de la côte aux buis, plantation des berges du ru et de la gorge des noyers.
- 1960-1990 : École nationale supérieure d’agronomie de Grignon en 1960, abattage de la partie nord du bois de la laverie et près du ru de Gally, création de la carrière pour les chevaux, Institut national agronomique Paris-Grignon en 1971, classement de 38 ha de la Côte aux buis en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) de type I avec comme objet une pelouse calcaire constituée d’une chênaie pubescente claire associée à des champignons rares et de nombreuses orchidées, et 258 ha du parc en ZNIEFF de type II avec une flore remarquable.
- Décembre 1999 : dévastations dans le parc causées par la tempête Lothar.
- Depuis 2000 : création de l’association de l’Arbre de fer en 2001, AgroParisTech en 2007, forêt soumise au régime forestier en 2007 (arrêté n° B-070043 de la préfecture des Yvelines du 29 mai 2007) et géré en convention avec l’Office national des forêts (ONF) en 2009, (re)classement en zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique de type II (ZNIEFF n° 110001509) sur 231 ha en 2013 avec comme principal intérêt la présence d’une hêtraie calcicole à sous-bois de buis.
Références bibliographiques
Cette notice a été élaborée à l’aide des documents suivants :
- [1] RISCH Léon, BRETIGNIERE Lucien, GUICHERD J., JOUVET F. Grignon, le château & l’Ecole. Editions de la Bonne idée, 1926.
- [2] GOULOUZELLE Eric, QUERELOU Jacques. Rapport d’étape pour l’aménagement du domaine de Grignon. École nationale supérieure de paysage de Versailles, novembre 1990.
- [3] DOLIGE René (coordination), JOLY Philippe (illustration), RENAUD Jean (conception). Grignon, de l’Institution royale… à l’INA P-G, deux siècles d’agronomie. Editagro, 1995.
- [4] Projet de révision d’aménagement forestier du parc de Grignon. AgroParisTech Nancy, Agence de Versailles de l’Office national des forêts, 2008.
- [5] GAULTIER Cyrille, BARANDE Serge (Ecosphère). Fiche de la Znieff n°110001509 du parc de Grignon. INPN, SPN-MNHN Paris, 2013. http://inpn.mnhn.fr/zone/znieff/110001509.pdf