En 1911 A. Moreau et L. Pichenaud, de l’Ecole nationale d’agriculture de Grignon, recensent plus de 500 espèces botaniques du parc de Grignon dans leur ouvrage Flore de Grignon.
Voici le texte de l’introduction à leur ouvrage :
“Le catalogue des planles phanèrogames, qui composent la Flore de Grignon, a été dressé pour la première fois en 1867 par Durand (Flore de Grignon), répétiteur de sylviculture et de botanique. Nous avons pensé qu’une révision de ce travaiI pouvait présenter un certain intérêt, ne serait-ce que pour guider les élèves de l’École dans leurs herborisations.
Nous donnons ci-dessous la lisle des plantes que nous avons ramassées, d’une part à l`intérieur du parc, d’autre part en dehors des murs sur une zone de cent mètres de large environ, et enfin sur les champs qui bordent la route de l’École à la gare de Plaisir-Grignon. C’est là le parcours habituel des excursions botaniques que nous effectuons avec les élèves pendant la bonne saison. Cette aire est un peu plus restreinte que celle qu’embrassait le catalogue de Durand : celle-ci s’étendait au sud jusqu’à la ligne de chemin de fer et la route de Neauphle. Nous n’avons pas cru devoir mentionner les plantes de cette région, qui présente une flore un peu spéciale, differente de celle de Grignon. Voici d’ailleurs la liste des principales espèces que l’on peut y rencontrer.
Sur les bords du rû Maldroit : Spergula arvensis, Seleranthus annuus, Spirea Ulmaria, Epilobium hirsutum, Ribes Uva-crispa, Valerianella auricula, V. Morisonii, V. eriocarpa.
Sur les pelouses sèches qui avoisinent le Pont-Caillou et dans les champs voisins : Linum tenuiflorum, Sedum Cepaea, Torilis infesta, Myosotis palistris, Veronica prostata, Euphrasia officinalis, Asperula cynanchica, Galium tricorne, Coronilla minima, Onopordon Acanthium, Avena pratensis, A. pubescens, Ononis Columnae.
On pourra recoller à Mormoulin : Mentha arvensis, et sur le plateau de Thiverval, en dehors des limites que nous nous sommes assignées : Galium anglicum et Centropphyllum lanatum.
Nous n’avons pas mentionné quelques plantes qui étaient évidemment sub-spontanées, échappées soit à la grande culture, soit aux champs d’expériences ou au jardin : Bunias orientalis, Linum usitatissimum, Althea officinalis, Onobrychis sativa, Portulaca oleracea, Petroselinum sativum, Solanumz tuberosum, Fagopyrum esculentum, F. tataricum, Avena ativa.
Il y a un certain nombre d’espèces, signalées d’ailleurs comme rares ou très rares, que nous n’avons pas rencontrées, soit qu’elles aient échappé a nos investigations, soient que les herborisations annuelles des élèves, une meilleure cullure ou toute autre cause les ait fait disparaître. Ce sont : Thalictrum flavum, Ranonculus aquatils, R. flammula, Aquilegia vulgaris, Saponaria Vaccaria, Lythrum Salicaria, Sedum Telephium, Lysimachia vulgaris, Datura Stramonium, Rhinanthus major, Rh. minor, Leonurus cardiaca, Jasione montana, Asperula arvensis, Chrysanthenum segetum, Polygonum lapathifolium, Allium ursinum, Aira canencens, A. caespitosa, A. praecoxc, Carex supina.
Par contre, nous avons pu récolter un certain nombre d’espèces qui n’étaient pas mentionnées précédemment ; ce sont : Ranunculus Philotonis, Geranium rotundifolium, Potentilla Fragariastrum, Caucalis latifolia, Conriandrum sativum, Samolus Valerandi, Gnaphalium uliginosum, Tragopogon major, Barkhausia setosa, Helminthia echioides, Rumex Patientia, Asarum europaeum, Potamogeton crispus, Carex maxima, Phleum Boehmeri, Agropyrum caninum, Euphorbia Peplus. Quelques-unes d`entre elles,comme Euphorbia Peplus, Barkhausia setosa, Agropyrum caninum, sont aujourd’hui très répandues ; d’autres, comme Potentilla Fragariastrum, sont rares. ll a été trouvé un exemplaire unique de Helminthia echioides et Carex maxima.
Bien des causes peuvent être venues modifier le nombre et la distribution des espèces depuis 1867, indépendamment de celles que nous signalions plus haut. La pièce d’eau des Enfants (près de la Mare-au-Curé) a été comblée ; l’étang desséché ; le rû de Gally n`est plus que l’égout collecteur de la ville de Versailles. On s’explique ainsi que certaines plantes aquatiques, ou des endroits humides, comme Lysimachiavulgaris, Stachys palustris, Lythrum Salicaria, aient disparu. Les travaux de terrassement qui se poursuivent depuis plusieurs années ne modifient pas seulement l’aspect du paysage, ils contribuent aussi à changer la flore. Carduus pycnocephalus est très commun dans le champ du Labyrinthe depuis qu’on a apporté du terreau venant du jardin botanique ; Euphorbía Peplus s’est répandue probablement pour une cause analogue. Quant à Barkhausia setosa, cette espèce, qui était très rare dans le bassin de Paris il y a une cinquantaine d’années, tend aujourdhui à se répandre de plus en plus et à supplanter Barkhausia foetida.
Enfin, il est assez curieux de constater que quelques espèces qui étaient très rares en 1867 se sont néanmoins maintenues et que nous pouvons en retrouver encore quelques exemplaires çà et là. Citons parmi elles : Daphne Mezereum, Donoricum plantagineum, Cynoglossum officinale, Tamus communis, Orchis militaris.
Comme les élèves de Grignon ont presque tous entre les mains la Nouvelle flore des environs de Paris de Bonnier et de Layens, et qu’ils en font constamment usage dans leurs herborisations, nous avons adopté la classification et la terminologie de cet ouvrage.”
Un fac-similé de la petite brochure de 31 pages est disponible au format PDF.